« Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Cette citation du Maréchal Foch résume à elle-seule la raison, et surtout l’impérieuse nécessité de notre présence aujourd’hui d’abord au Monument aux morts, ensuite à la mairie pour célébrer l’armistice de 1918 et honorer la mémoire des civils et militaires morts, disparus, blessés au cours de la première guerre mondiale.
Chacun d’entre nous a le devoir d’entretenir la mémoire de la « Grande guerre », conflit parmi les plus terribles que l’humanité ait connu. Du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918, près de 10 millions d’êtres humains furent tuées dans le monde. La France perdit plus d’un million et demi des siens et compta près de trois millions de blessés et de mutilés.
Tous nos poilus revinrent des combats à jamais marqués, à jamais changés, à jamais brisés.
Commémorer le 11 novembre, c’est d’abord nous souvenir de toutes celles et ceux qui nous ont légué les valeurs de courage et d’abnégation. Nul n’imaginait que l’Armistice signé à Retondes ouvrirait un siècle marqué par le retour de la barbarie et de l’horreur au sein même de la civilisation européenne et dans le monde.
Si nous devons tirer une leçon en nous recueillant chaque année au pied du Monument aux morts, c’est que la paix n’est jamais acquise !
Au contraire, elle se gagne, se protège, se chérit.
Nous en avons conscience lorsque nous observons les conflits qui sont en cours aujourd’hui dans différentes régions du monde. La guerre qui se déroule au Moyen-Orient, avec son cortège de morts et de destructions, illustre cette folie meurtrière qui ne cesse de se perpétrer dans l’histoire en ce début de siècle. La tragédie de Gaza avec plus de quarante mille morts parmi lesquels beaucoup d'enfants et les bombardements au sud Liban aggravent encore la situation. C’est une véritable poudrière qui s’installe à nos portes.
En Europe même, la guerre en Ukraine fait peser la menace d’une extension du conflit à l’ensemble du continent, donc de notre pays. Il faut que les combats cessent et que la négociation prenne le pas sur le bruit des bottes. C’est l’avenir de notre existence et surtout de celle de nos enfants qui est en jeu.
La paix doit aussi être préservée au plus profond de nos sociétés. « Il faut tuer la guerre dans le ventre de tous les pays » disait Henri Barbusse.
Comment oublier que les conflits prennent racine dans les plus petits ferments de haine et d’intolérance, dans les moindres interstices d’injustices et d’inégalités, tous ces maux qui, hélas, rongent encore de l’intérieur nos sociétés contemporaines.
En ces temps difficiles, où la crise sociale et économique fragilise des pans entiers de notre société, plongeant de plus en plus de nos concitoyens dans la misère et la pauvreté, il faut plus que jamais combattre ceux qui nous divisent de l’intérieur. Ils alimentent le racisme, la xénophobie, le communautarisme.
Quand on voit le monde des Trump, Poutine, Erdogan, Orban, Kim Van Jong, de Nettanayou ou des ayatollahs … ça donne froid dans le dos mais cela invite aussi à ne pas baisser les bras pour construire un monde meilleur.
Ils manipulent l’histoire pour servir leur propre dessein. Ils cherchent à réhabiliter le fascisme et les idéologies les plus réactionnaires et criminelles. Soyons vigilants face à ces menaces et rappelons-nous le sacrifice de nos anciens, qui se sont battus pour défendre les valeurs de notre République, de la démocratie, des lumières : Liberté, Égalité, Fraternité.
Vous y contribuez, vous, représentants des anciens combattants, en entretenant le souvenir des conflits et en transmettant un message de paix. Car dans ce combat que j’évoquais plus haute celui pour la paix est l’un des plus important.
Vous y contribuez, vous qui enseignez et apprenez aux jeunes générations à penser par elles-mêmes, à être critiques et à devenir autonomes.
Vous y contribuez aussi, vous toutes et vous tous, qui êtes présents aujourd’hui. En citoyens avertis, vous avez conscience de l’absolue nécessité de transmettre nos valeurs républicaines.
Vous y contribuerez enfin, vous qui représentez la jeune génération.
Je remercie et félicite tous les enfants et jeunes qui posent aujourd’hui leur regard sur ce premier conflit mondial. Ils savent qu’ils auront la responsabilité, demain, de faire vivre les valeurs universelles de la paix, la liberté, la fraternité.
« Les mères des soldats tués sont juges de la guerre » a écrit le grand dramaturge allemand, Bertolt Brecht. Il rendait ainsi un hommage vibrant à toutes ces femmes qui ont vu leurs enfants mourir pour une guerre absurde et cruelle.
La paix signée le 28 juin 1919 à Versailles portait déjà en elle les germes du second conflit mondial, qui fera plus de 60 millions de morts et qui marquera le temps des massacres de masse, des génocides et de la barbarie la plus abominable.
Souvenons-nous en, car la menace est encore plus terrible avec l’apparition de l’arme nucléaire, qui frappa Hiroshima et Nagasaki. Cette arme de destruction massive peut être utilisée à tout moment, contrairement aux affirmations des uns et des autres. Plus que jamais, il faut tout faire pour que la paix soit la seule question à l’ordre du jour et nous devons unir nos efforts pour débarrasser le monde de cette menace qui plane sur nos têtes.
Faisons le vœu, ensemble, que la solidarité et la tolérance sauront s’imposer dans notre pays, pour construire une société de paix et de solidarité, où chacune et chacun, où qu’il soit né, puisse trouver sa place, dans le respect des autres.
Vous me permettrez pour terminer ce discours d'emprunter ces quelques vers dédiés à la paix au grand auteur, compositeur, interprète Jean Ferrat :
"La force de la France c'est l'esprit des Lumières
Cette petite flamme au cœur du monde entier
Qui éclaire toujours les peuples en colère
En quête de justice et de la liberté
Parce qu'ils ont un jour atteint l'Universel
Dans ce qu'ils ont écrit, cherché, sculpté ou peint
La force de la France, c'est Cézanne et Ravel
C'est Voltaire et Pasteur, c'est Verlaine et Rodin
La force de la France elle est dans ses poètes
Qui taillent l'avenir au mois de mai des mots
Couvrez leurs yeux de cendre, tranchez leur gorge ouverte
Vous n'étoufferez pas le chant du renouveau
Nous ne voulons plus de guerre, nous ne voulons plus de sang
Halte aux armes nucléaires, halte à la course au néant
Devant tous les peuples frères qui s'en porteront garants
Déclarons la paix sur terre, unilatéralement."
Comments